Zoom sur... l’action n°18 du PRST 3 : les machines de récolte du lin
Publié le 13 octobre 2018
Le lin occupe une place très importante en Normandie puisqu’elle est l’une des principales région de production dans le monde et regroupe de nombreux acteurs de la filière : organisations professionnelles, instituts techniques, constructeurs ou importateurs de machines.
Cultiver, récolter et extraire la fibre de lin est possible à la condition qu’il y ait une vraie rencontre entre un territoire, dont le climat a la spécificité de combiner humidité et chaleur, et des « hommes ». La façade maritime allant de la plaine de Caen jusqu’à la Flandre hollandaise réunit cette condition.
La récolte du lin est d’un enjeu capital à deux niveaux :
- Récolter sur une seule et courte période de l’année (de mi-juillet à fin septembre) le volume de matière première nécessaire pour assurer le travail des teillages (extraction de la fibre) durant une année, en attendant la récolte suivante ;
- Récolter la graine pour assurer le renouvellement des semis futurs.
Cette récolte se déroule en plusieurs étapes :
Lorsque le lin est arrivé à maturité, il est arraché avec une arracheuse, déposé au sol en nappe de lin afin que les graines soient récoltées à l’aide d’une écapsuleuse et qu’il puisse rouir.
Le rouissage n’est pas une opération mécanique mais un processus de dégradation des parties organiques de la paille de lin sous l’action de microorganismes. Le rouissage prépare la paille de lin aux actions mécaniques du teillage. Sans ce rouissage la séparation de la fibre de la paille serait presque impossible. Le climat alternant chaleur et humidité favorise un rouissage de qualité, et, pour assurer un rouissage homogène la nappe de lin est retournée sur le champ à l’aide d’une retourneuse. Les fibres sont ensuite enroulées afin de former des balles de lin pour subir le processus de teillage dans un second temps.
Les machines utilisées sont donc : arracheuse, écapsuleuse (récolte graine), retourneuse, enrouleuse. Toutes ces machines sont spécifiques et se succèdent dans les champs. Chaque étape prépare la suivante pour aboutir à la formation d’une balle (ou boule) de lin qui deviendra la matière première des teillages (procédé industriel). A cet égard, l’enrouleuse est spécifique puisqu’elle enroule la nappe entre deux ficelles, en veillant à ce que les tiges soient toujours parallèles et que la densité de la nappe soit la plus régulière possible.
Le travail de conception et de production de ces machines est le résultat d’un travail de collaboration entre les constructeurs, les utilisateurs et les organismes techniques de la filière (Institut Technique du Lin devenu un service d’ Arvalis Institut du végétal). Trois constructeurs se partagent l’essentiel de la conception de ces machines.
Les évolutions de la réglementation et de la technologie de ces machines ont engendré des interprétations sur les niveaux d’exigences réglementaires qui devaient être respectés par les constructeurs pour assurer la sécurité et la santé des opérateurs. L’absence de norme a participé à l’amplification de ce phénomène.
La Direccte de Normandie, impliquée par ailleurs dans des travaux de normalisation sur les tracteurs et machines agricoles, a proposé qu’un travail de normalisation puisse s’engager pour les machines de récolte de lin.
Le ministère de l’agriculture à accepté cette proposition en juillet 2016 sous condition que :
– les professionnels donnent leur accord ;
– l’état des lieux sur ces machines soit réalisé en collaboration entre Arvalis-Institut du végétal et la DIRECCTE de Normandie.
Ces deux conditions ayant été réunies, le ministère de l’agriculture a financé cette étude.
Un premier rapport d’état des lieux sur les machines de plaine de lin a été réalisé en octobre 2016 par Arvalis avec le concours de la Direccte de Normandie en s’appuyant sur les données connues pour l’ensemble des machines quelle que soit leur génération (machines anciennes vs machines plus modernes) et des observations, aussi bien sur la conception des machines que sur leur utilisation, et les effets de cette utilisation sur la santé des utilisateurs. À l’issue de ces travaux d’état des lieux, il a été décidé de s’engager pleinement dans un processus de normalisation et de poursuivre le projet afin de déposer en septembre 2018 un dossier permettant d’inscrire au programme officiel de normalisation les machines de récolte du lin.
Pour atteindre cet objectif, la partie opérationnelle du projet a été confiée à la Direccte de Normandie, en accord avec le ministère de l’agriculture. Cette action a été inscrite au PRST 3 Normandie, permettant de donner un cadre structurant au projet, de conserver les échanges entre les différents partenaires historiquement investis dans le développement des machines et de garantir l’implication des constructeurs dans ce projet qui a pris le nom de RISMALIN (Risque Machine à Lin).
Sur la base du premier rapport et des échanges avec les différentes parties, un groupe de travail rassemblant des représentants des constructeurs, des utilisateurs, Arvalis, la MSA, la Draaf, la Direccte, le Cercle d’Échange de l’Eure, s’est engagé dans un travail comprenant deux volets :
- Un volet « analyses » des machines en situation réelle de travail dans le but d’aboutir à une normalisation des machines pour améliorer la sécurité et les conditions de travail des conducteurs de machines ;
- Un volet formation pratiques des conducteurs.
Pour synthétiser les travaux de ce groupe de travail, un nouveau rapport a été produit en octobre 2017 que l’on peut schématiser ainsi :
Sur la base des réalisations du groupe de travail, le 10 avril 2018, le projet de normalisation a été inscrit officiellement à l’agenda de l’Union de normalisation de la mécanique par délégation de l’AFNOR, et le 28 juin 2018 cet agenda a été validé par le groupe RISMALIN.
La première réunion de travail sur un projet de norme, en cours de rédaction par la Direccte Normandie avec le concours de la MSA, sur la base des travaux précédents, est prévue en octobre 2018.
En ce qui concerne la partie formation, la première session a eu lieu en juillet 2018, avec pour objet les retourneuses.
Le groupe RIMSALIN, moteur de l’action n°18 du PRST normand, restera mobilisé pour :
- Apporter ses réflexions sur le projet de norme ;
- Contribuer au développement de la formation pour tous les conducteurs de machines.
Conforme au calendrier fixé, le projet initial est même un peu en avance sur les deux domaines.